Site archéologique de Tabo (île d'Argo/Nubie)

Description
Identification
Type d’entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Site archéologique de Tabo (île d'Argo/Nubie)
Description
Dates d’existence:Campagnes de fouilles, 1965-1974
Histoire:Le site de Tabo est situé sur l’île d’Argo dans la province de Nubie au Nord Soudan, au sud de la 3ème cataracte du Nil où de larges plaines sont baignées par le fleuve. Le peuplement de l’île remonte à des temps anciens. Les premiers sites humains sont imaginés grâce à la récolte de silex. Au 2ème millénaire, la Nubie est divisée en petits royaumes qui furent unifiés par le royaume de Kerma qui régna sur la Nubie jusque vers 1500 avant notre ère (vestiges de temples, sépultures, objets à usage domestique ou cultuel,…). Pays où l’or est aussi abondant que les pierres des chemins d’après les hiéroglyphes, la Nubie a très tôt attiré la convoitise des pharaons qui multiplient les expéditions militaires et commerciales.
Sous le Nouvel Empire, l’Egypte annexe la Nubie du Nord puis la Nubie (Kerma/Koush) vers 1500 avant notre ère. Dès lors la culture Kerma devient de plus en plus égyptienne (économie, politique, spiritualité).
La situation s’inversa au 7ème siècle avant notre ère : le royaume Koush envahit l’Egypte. C’est le règne des pharaons nubiens noirs de la XXVème dynastie sur l’Egypte et le Soudan et dont l’archéologue Charles Bonnet a découvert les statues à Kerma. C’est à cette époque qu’est construit le grand temple à Tabo, certainement par Taharka, pharaon qui a régné de 690 à 664 avant notre ère.
Vers 660, les pharaons koushites sont repoussés en Nubie. Ils forment à Napata un royaume qui synthétise les influences égyptiennes et nubiennes : les vestiges archéologiques témoignent d’une influence égyptienne ou centre-africaine, mais l’originalité du fond indigène demeure. En 591 avant notre ère, une expédition égyptienne est organisée contre Koush. La capitale est alors déplacée à Méroé. C’est le début de l’époque méroïtique qui a perduré jusqu’au début du 5ème siècle de notre ère avec comme constante une rupture d’avec le modèle égyptien, avant que la Nubie ne devienne chrétienne puis musulmane.

Les fouilles :

9 campagnes de fouilles sont menées de 1965 à 1974 par une mission américano-suisse financée par la fondation Henry Blackmer et dirigée par le Centre d’études du Proche-Orient ancien / CEPOA (Charles Maystre, Charles Bonnet). A également participé à ces fouilles la philologue-égyptologue-céramologue américaine, Helen Gordon Jacquet.

Le Service des Antiquités du Soudan délimita un espace de 400 mètres de côté. Dans la partie centrale du site, occupée dès le 3ème millénaire, plusieurs monticules circulaires et des tessons en céramique ont permis de reconnaître une nécropole Kerma dont le site éponyme est proche de Tabo. Cette occupation Kerma s’est maintenue jusqu’au début du Nouvel Empire (1550 avant notre ère), époque où est bâti un édifice religieux en pierre comme l’attestent les blocs de réemploi découverts dans le grand temple qui portent les cartouches des pharaons Thoutmosis III ou IV, Aménophis III et Ramsès II.

Le grand temple (75x31 m), sans doute consacré à Amon, est le monument le plus remarquable du site, bâti sous la XXVème dynastie des pharaons nubiens, peut-être sous Taharka qui règna de 690 à 664 av notre ère), selon un plan classique de l’époque pharaonique. C’est l’un des plus grands édifices religieux du Soudan.
Des locaux annexes dépendent du temple ; ce sont des fours d’une boulangerie destinée à approvisionner le temple en offrandes. Ils ont été construits entre 290 et 20 avant notre ère (carbone 14 ; marge d’erreur +ou-90 ans).

Le temple est détruit au 1er siècle de notre ère. Une datation au carbone 14 des poutres calcinées mentionne la date de 80 (marge d’erreur +ou- 80 ans). Les hypothèses émises sont la destruction du temple soit par les armées romaines en route vers les riches contrées méridionales et convoitant les villes de Méroé et de Napata (Strabon parle d’une expédition militaire romaine au Soudan de 25 à 21 et Pline l’Ancien d’une expédition sous le règne de Néron, un siècle plus tard) soit par les peuples Koush effectuant des raids en Egypte.

C’est à cette époque que les prêtres ont caché la statue d’un roi méroïtique dans les sous-sols de la cour du temple, découverte lors de la dernière campagne de fouilles.

Le temple resta inoccupé jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle population (population X) qui transforma l’ancienne ville et les bâtiments religieux en nécropole.

La Mission archéologique de l'Université de Genève a également mis à jour des tombes, dont certaines méroïtiques tardives à superstructure tumulaire.

A l’époque chrétienne, une église a été édifiée dans la cour du grand temple.

Les tertres secondaires ont mis à jour des temples d’époques diverses (napatéenne et méroïtique).
Lieux:Tabo, île d'Argo, Soudan.
Contrôle
Code d’identification de la notice d’autorité:CH UNIGE/ISAAR/239
Code(s) d’identification du ou des services:CH-000196-4 Archives administratives et patrimoniales de l'UNIGE (aap)
Règles ou conventions:ISAAR (CPF) - Norme internationale sur les notices d'autorité utilisées pour les archives relatives aux collectivités, aux personnes ou aux familles, deuxième édition, 2004
Niveau d’élaboration:Publié
Niveau de détail:Moyen
Dates de création, de révision ou de destruction:19.12.2019; notice révisée en novembre 2020
Langue(s) et écriture(s):Français
Sources:Voir Publications : CH UNIGE/aap/22/dép/anthropo/2019/7/25/1-7