Pittard, Eugène

Description
Identification
Type d’entité:Personne
Forme(s) autorisée(s) du nom:Pittard, Eugène
Description
Dates d’existence:1867-1962
Histoire:Eugène Pittard est né à Genève le 5 juin 1867. Il suivit les cours de zoologie du professeur Carl Vogt à la faculté des sciences de l'Université de Genève (UNIGE) et se forma à l'anthropologie à Paris entre autres auprès de Paul Broca, Léonce Manouvrier. Il présenta en 1898 la première thèse de doctorat genevoise dans cette discipline consacrée à des recherches d’anatomie comparée sur une série de crânes tirés d’ossuaires valaisans, thèse qui fut suivie de nombreux livres et travaux sur ce sujet. Il s’intéressa très tôt aux peuples des Balkans en particulier au Tsiganes ; en 1899, il effectua sa première campagne anthropologique dans les Balkans. Dès 1906, il débuta sa carrière de préhistorien en pratiquant des fouilles sur des sites paléolithiques en Dordogne. Il s'intéressa également aux sites palafittiques suisses. Professeur à l'Université de Genève dès 1908, il fonda en 1916 la chaire d'anthropologie et de préhistoire de l'Université de Genève au moment où le Laboratoire d’anthropologie qu’il avait mis sur pied pour ses recherches est reconnu officiellement. Pittard est un esprit universel dans la tradition naturaliste du 19ème siècle. Il rêve d’un musée ouvert à tous, contrairement à d’autres qui voient les musées comme des institutions réservées à la seule élite savante. Pour lui la science doit s’ouvrir au plus grand nombre et pour ce faire rester aux mains des savants. Il rêve de créer dans sa ville un musée qui serait capable de représenter ce qu’il appelle «le visage multiplié du monde (…), qui nous enlève tout sentiment d’impérialisme. Il aide à la protection des indigènes, des peuples-enfants, de ceux qui ne peuvent se défendre seuls. Il concourt puissamment à réaliser un idéal de fraternité entre les Nations. ». Un lieu dans lequel il espère pouvoir consacrer une salle à chaque Etat membre de la SDN afin que «nos petitesses locales, notre ratatinement européen apprennent à s’élargir ». Le musée est inauguré en 1901. En 1941, il est transféré sur son emplacement actuel du boulevard Carl-Vogt où il cohabitera avec le Département d’anthropologie jusqu’au déménagement de ce dernier dans le quartier des Acacias en 1967.
Ce parcours scientifique bien rempli n’empêcha pas Pittard de s’impliquer dans la politique internationale de son temps. Chargé de mission par la Société des Nations, il se passionna pour la jeune république turque et en vint à sympathiser avec son président, Mustafa Kemal, dont il fréquenta régulièrement le cabinet.
Il se prit également de passion pour l’Albanie. Séduit par ce «petit peuple montagnard, pauvre, amoureux de la liberté», dont l’histoire lui rappelle celle de la Suisse primitive, il plaida sa cause auprès du président Woodrow Wilson. «Les Américains, raconta-t-il, s’emballèrent sur cette idée et imaginèrent que l’Albanie créée pourrait être placée sous le mandat et sous la protection de la Suisse.» Le projet resta sans suite (contrairement à celui de doter le pays d’une section de la Croix-Rouge), mais lui a valu un véritable triomphe populaire lorsqu’il fut invité, en compagnie de son épouse, la romancière Noëlle Roger, à traverser le pays lors d’un voyage officiel destiné à le remercier des efforts fournis en faveur de l’indépendance de l’Albanie.
Travailleur infatigable, Eugène Pittard publia un nombre impressionnant d'ouvrages et d'articles (plus de 600), prononça de très nombreuses conférences, fonda l'université ouvrière, contribua en tant que délégué de la Société des Nations à la fondation de la Croix-Rouge albanaise, etc. En 1949, âgé de 80 ans passés, il donna son dernier cours universitaire et se retira de la direction du Musée d'Ethnographie en 1951 après un demi-siècle d'intenses activités. Il est décédé le 11 mai 1962 au château de Morigny (Seine-et-Oise).
« Pittard avait ceci de particulier qu’il entendait l’anthropologie dans son sens le plus noble. C’est-à-dire l’étude de l’homme dans son entièreté. Il ne s’intéressait pas uniquement aux caractéristiques biologiques des populations mais aussi à leur culture ou à leur savoir-faire, comme nous tâchons de le faire encore aujourd’hui, même si les moyens ont considérablement évolué» (1). «En plein développement des idées qui conduiront à la «génétique» et à l’eugénisme nazi, Pittard nie formellement l’existence de races pures en Europe. La génétique moderne, développée essentiellement depuis les années 1960, a pleinement confirmé ses vues par des données impressionnantes dont Pittard, bien sûr, ignorait tout» (2).

(1) Marie Besse, directrice de l’Institut d’archéologie préhistorique et anthropologie de l’UNIGE (Campus n°105).
(2) André Langaney, généticien des populations ancien directeur du Département d’anthropologie et d’écologie de l’UNIGE et du Laboratoire d’anthropologie du Musée de l’Homme à Paris (Campus n°105).
Textes de référence:Eugène Pittard L’irrésistible «mendiant magnifique», Campus n°105 septembre-novembre 2011
http://www.unige.ch/communication/Campus/campus105/tetechercheuse.html

Papiers Eugène Pittard 19e - 20e s à la Bibliothèque de Genève/BGe:
http://w3public.ville-ge.ch/bge/odyssee.nsf/Attachments/pittard_eugeneframeset.htm/$file/pittard_eugeneframeset.htm

Archives du Musée d'ethnographie/MEG (section Directeurs) :
http://w3public.ville-ge.ch/seg/xmlarchives.nsf/Attachments/musee_ethnographie_geneve_publicframeset.htm/$file/musee_ethnographie_geneve_publicframeset.htm?OpenElement

Totem n° 65, Journal du Musée d'ethnographie de Genève : Eugène Pittard et le MEG :
http://www.ville-ge.ch/meg/totem/totem65.pdf
Contrôle
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Code(s) d’identification du ou des services:CH-000196-4 Archives administratives et patrimoniales de l'UNIGE (aap)
Règles ou conventions:ISAAR (CPF) - Norme internationale sur les notices d'autorité utilisées pour les archives relatives aux collectivités, aux personnes ou aux familles, deuxième édition, 2004
Niveau d’élaboration:Publié
Niveau de détail:Elaboré
Dates de création, de révision ou de destruction:04.03.2016; révisée octobre 2020
Langue(s) et écriture(s):Français