Maison des Petits

Description
Identification
Type d’entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Maison des Petits
Description
Dates d’existence:1913-
Histoire:En octobre 1913, deux disciples de Maria Montessori exemplifient dans un cours de l’Institut les démarches de la pédagogue italienne en sollicitant la présence de jeunes enfants. Séduits, les parents concernés demandent que l’expérience soit prolongée ; trois étudiantes de l’Institut – Hélène Antipoff, Marguerite Eugster et Marguerite Gagnebin – s’y engagent. Au vu du succès de la démarche, la Maison des petits – allusion aux fameuses Case dei bambini – s’institutionnalise et est confiée, dès l’automne 1914, à l’enseignante Mina Audemars. En 1915, une seconde classe est ouverte pour accueillir de nouveaux enfants sans exiger le départ des aînés ; l’institutrice Louise Lafendel rejoint sa collègue. Bientôt inséparables, toutes deux assumeront trois décennies durant la direction de la Maison.

L’école réunit d’abord une vingtaine, puis bientôt une cinquantaine de petits de 3 à 9 ans (300 l’auront fréquentée en 1929). Après s’être installée à la Taconnerie, jouxtant ainsi l’Institut Rousseau, E. Claparède l’accueille dans une villa paisible et arborée de Champel. A l’image d’autres écoles privées, le recrutement s’opère dans les milieux privilégiés, visiblement plus aisément acquis à de telles options pédagogiques. Le rattachement de la Maison des petits au réseau public, en 1922 – pour faire de cette Maison l’école d’application de l’école élémentaire publique – ne modifiera guère cette tendance même après son déménagement dans la commune populaire de Plainpalais.

Dans leur Cahier de méditations pédagogiques, Audemars et Lafendel décrivent précisément le double but assigné à la Maison des petits : « Le premier : rechercher, expérimenter, vérifier, les vérités psychologiques actuelles. Le deuxième : orienter au contact de ces vérités une équipe de jeunes éducatrices ». Les deux pédagogues promeuvent une démarche éclectique fondée sur l’éducation fonctionnelle d'E. Claparède, liée à une théorie du développement en termes de stades : initialement, l’enfant adapte les choses à lui-même, ensuite l’activité motrice s’allie à l’activité mentale, puis finalement l’enfant intègre les exigences extérieures et s’ouvre à la curiosité scientifique. A ces stades répond l’organisation des chambres de la villa-école, chacune étant dédiée à une fonction précise et s’adressant à un âge déterminé : la chambre de construction, du modelage, du langage, du calcul ; l’atelier des apprentis, des chercheurs. Les jeux créés par les directrices ont une même vocation, susceptibles de s’ajuster sur les besoins et intérêts des différents stades ; ces jeux suivent tous la devise « par l’activité manuelle à l’activité mentale ».

C’est en concordance avec ces conceptions que sont définis le rôle et l’activité de l’éducateur d'une part ; et la formation des stagiaires (surtout des femmes) d'autre part. Celles-ci passent de un à trois ans dans la Maison, à raison de trois matinées par semaine. Elles s’initient d’abord au travail personnel face à des problèmes pratiques : elles se répartissent dans les différents groupements d’enfants qu’elles observent et étudient, mettant alors en commun leurs réflexions. Elles prennent ensuite la responsabilité d’un groupe d’enfants de 6-7 ans, étudient un problème particulier (lecture, mathématique, etc.) et préparent du matériel d’enseignement. Elles ont à disposition tout l’arsenal des méthodes existantes et une bibliothèque avec des ouvrages scientifiques de référence.

La recherche est présente dans la Maison des petits sous trois formes. Propre aux directrices, la première s’élabore à même l’action éducative et permet, par une pratique réfléchie, de définir lesdits stades de développement et d’y ajuster simultanément la pratique elle-même. Deuxièmement, les études des stagiaires requièrent pour leur part des observations et analyses systématiques et débouchent sur des travaux de recherche (sur l’efficacité des jeux de surface, par exemple). D’une tout autre envergure, la troisième est le fait avant tout des recherches inaugurales de Piaget et de ses collaborateurs sur la pensée de l’enfant, la Maison des petits se révélant ainsi le terreau d’une nouvelle psychologie de l’enfant.

La Maison des petits conquiert promptement une réputation qui fait fi de toutes frontières, non sans que se fassent entendre quelques voix discordantes. Certaines reprochent aux directrices d’exercer une emprise morale trop forte sur leurs bambins ; d'autres dénoncent le libéralisme qui y règne ou critiquent l’élitisme de l’établissement et l’impossibilité d’en généraliser les pratiques aux écoles publiques.

A l’heure de leur retraite, Audemars et Lafendel confient la direction de « leur » Maison à une personnalité qui saura en préserver l’esprit : leur ancienne élève, Germaine Duparc, jeune docteure en biologie, accepte de relever le défi. Elle s’empresse d’obtenir un brevet de maîtresse enfantine, parfait sa formation pédagogique en travaillant une année durant aux côtés de ses inspiratrices, et entre en fonction en 1945. La Maison des petits est désormais installée aux Pâquis, à deux pas du Palais Wilson qui abrite l’Institut universitaire des sciences de l’éducation. Germaine Duparc présidera aux destinées de la Maison des petits jusqu’en 1978.

La même année la Maison des petits est à nouveau installée au cœur de la vieille ville, à Saint-Antoine, pour se rapprocher de la FPSE, désormais à Uni Dufour. La direction de l’école devient collégiale : deux professeurs de la Faculté, un membre de la direction de l’enseignement primaire et un inspecteur scolaire. La recherche, toujours centrée sur le développement de nouvelles démarches d’enseignement, s’oriente vers des expériences de décloisonnement en mathématiques, français et activités créatrices. Puis le travail se focalise sur l’enseignement et l’apprentissage de la lecture/écriture. Du point de vue de son fonctionnement, une nouvelle formule de collaboration est mise sur pied : une enseignante détachée est associée à l’équipe de recherche : les enseignantes de la Maison des petits bénéficient de 12 demi-journées de travail en collaboration avec les chercheurs.

En 2009, une double extension est décidée : l’école de Saint-Antoine étant loin de représenter tous les milieux socio-culturels, un réseau Maison des petits est constitué, incluant des classes de la Roseraie et de Ferdinand Hodler qui drainent des enfants de quartiers populaires. Les recherches sont étendues aux mathématiques et aux sciences, en collaboration avec des équipes d’autres contrées. Sans renier ses origines, l’aventure de la Maison des petits se poursuit, tout en intégrant les renouvellements récents des pratiques et théories pédagogiques et didactiques.



Lieux:Genève
Statut juridique:Etablissement public
Fonctions et activités:Le Réseau Maison des Petits fait partie d'un projet de partenariat entre le Département de l'Instruction publique du canton de Genève et de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l'Université de Genève.

Fondée en 1913, la Maison des Petits était surtout école d’observation et d’application des découvertes scientifiques en matière d’éducation et de développement des enfants.

Elle est aujourd’hui un réseau d'écoles dans lesquelles s’élaborent la recherche et la formation, basées sur la collaboration entre enseignants et chercheurs.

Entre 1978 et 1980 un « apprivoisement mutuel entre enseignantes, chercheurs et parents » a été nécessaire et ce n’est qu’en 1980-1984 que les premiers tâtonnements, avec des expériences de décloisonnement, en mathématiques, en français, en activités créatrices, ont eu lieu en collaboration avec la FPSE (avec notamment la contribution de M. Huberman) et ont été soumis à une observation systématique par les chercheurs.

Entre 1984 et 2005, les travaux conjoints entre les enseignants et les chercheurs, sous la responsabilité des professeures Laurence Rieben d’abord et Madelon Saada-Robert ensuite, ont porté essentiellement sur l’enseignement et l’apprentissage de la lecture/écriture.

Entre 2009 et 2014, le projet sur les fonctions des pratiques d’écrits se développe selon trois axes relevant de différentes disciplines enseignées. Dès lors, l’extension à différentes équipes universitaires, spécialistes de ces disciplines, a été nécessaire. Du côté de la langue, l’entrée dans l’écrit fait suite aux travaux antérieurs, grâce à la préparation de séquences de lecture et d’écriture portant sur la compréhension du conte Le Petit Chaperon rouge. Du côté des mathématiques, les travaux se poursuivent à partir de situations didactiques conçues pour que les élèves soient confrontés à la nécessité d’une notation d’informations pour se souvenir ou pour communiquer. Enfin, une première exploration des pratiques d'écrit a été étendue aux sciences. Les travaux ont porté sur la thématique de l’étude du vivant avec des séquences construites par les enseignantes sur « la fourmi » et « les oiseaux du lac » et la construction collaborative d'une séquence concernant la flottaison d'objets en 3P-4P HarmoS. Comme par le passé, les produits de ces recherches collaboratives ont fait l’objet d’une diffusion au corps enseignant.

En marge du Réseau Maison des Petits, un laboratoire de comparaisons interinstitutionnelles a pris également forme grâce à des collaborations avec d'autres équipes de recherches (Servizio di sostegno pedagogico della Scuola media du Canton du Tessin, UMR ADEF & IFé à Marseille, CREAD & IUFM de Bretagne à Rennes, IUFM de Clermont-Ferrand) qui, elles aussi, menaient des recherches coopératives impliquant des enseignants sur le terrain. Les situations didactiques travaillées dans les divers contextes ont amené les enseignants à préciser les finalités des tâches et à questionner l’articulation entre les diverses activités disciplinaires.

Dès 2014, les enseignants du Réseau Maison des Petits expriment leur désir de se focaliser sur le domaine disciplinaire du « français » et de mener une réflexion sur la base des moyens d’enseignement conseillés en référence au Plan d’études romand (PER). En exploitant les travaux réalisés au cours des années précédentes à partir des apports de la didactique du français et de la didactique comparée, le domaine de l’entrée dans l’écrit et de la compréhension en lecture est alors retenu, compte tenu des enjeux cruciaux des apprentissages qui y sont liés pour les premiers degrés scolaires et, plus généralement, pour l’ensemble de la scolarité des élèves. Des nouvelles perspectives concernant les problématiques de la régulation, de l’évaluation et de la progression des apprentissages des élèves, déjà soulevées lors du projet précédent, deviennent par ailleurs centrales avec la double visée d’une recherche collaborative visant soutenir d’une part le développement professionnel des enseignants et d’autre part offrir des conditions à la production de savoirs scientifiques sur les pratiques.
Textes de référence:Règlement de la Maison de Petis (mai 1915).
Convention signée entre l'Institut et la Commune de Plainpalais (1923).
Protocole d'accord du 9 juillet 1981 entre la FPSE et la Direction de l'Enseignement primaire du Canton de Genève.
Organisation interne/généalogie:En 1922, la Maison des Petits devient une école publique et en 1929 déménage une nouvelle fois au Boulevard Carl-Vogt avec, à sa direction les demoiselles Audemars et Lafendel, jusqu’en 1945.

En 1970, l’Institut Jean-Jacques Rousseau devient Ecole de Psychologie et des Sciences de l’éducation, puis Faculté en 1975. La maison des Petits (installée au quai Wilson) est l’école d’application de la Faculté tout en dépendant de la Direction de l’Enseignement Primaire. L’école est alors dirigée par le professeure Germaine Duparc, jusqu’en 1978.

En 1978, la Maison des Petits déménage à l’Ecole de St-Antoine, dans la vieille ville. Dans le même temps est mise en place une Direction conjointe, un membre de la DEP et un inspecteur ainsi que deux professeurs de la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE), qui forment une équipe pédagogique avec les enseignantes de l’école.

De 1992 à 2005, une enseignante détachée (à temps complet) est associée à l’équipe de recherche qui, de son côté, met à disposition l’équivalent d’un plein temps. Les enseignantes de la Maison des Petits bénéficient, quant à elles, de douze demi-journées de travail en collaboration avec les chercheurs.
Contexte général:L’année 1913 voit la naissance d’une école privée : il s’agit d’une école expérimentale, d’une école d’application, vouée aussi à la recherche et à la formation des enseignants liée au tout nouvel Institut Jean-Jacques Rousseau.

En 1970 L'Institut devient Ecole puis Faculté en 1975. La Maison des Petits retourne en Vieille-Ville en 1978 pour se rapprocher de la Faculté.
Contrôle
Code d’identification de la notice d’autorité:CH UNIGE/ISAAR/193
Code(s) d’identification du ou des services:CH-000175-4
Règles ou conventions:ISAAR (CPF) - Norme internationale sur les notices d'autorité utilisées pour les archives relatives aux collectivités, aux personnes ou aux familles, deuxième édition, 2004
Niveau d’élaboration:Notice publiée
Niveau de détail:Notice complète
Dates de création, de révision ou de destruction:12.12.2017
Langue(s) et écriture(s):Français
Sources:Perregaux, C., Rieben, L., & Magnin, C. (Eds.). (1996). «Une école où les enfants veulent ce qu'ils font». La Maison des Petits hier et aujourd'hui. Lausanne : LEP.

http://www.maisondespetits.ch/index.html (page consultée le 13.12.2017)
Ressources
Maison des Petits (producteur)
Réseau Maison des Petits (producteur, 1979-2000)